Isabelle Aboulker, Compositrice

« Faire chanter des chanteurs, écrire une musique tonale,

c’est ridicule, c’est dérisoire, c’est absurde, sans doute, mais

j’aime le bel canto, le théâtre de Ionesco, et je n’ai pas –

moi non plus – mon baccalauréat »


I
sabelle Aboulker défend haut et fort sa formation de compositrice autodidacte, bien qu’elle ait fréquenté les classes d’écriture et celle d’harmonie de Maurice Duruflé au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Dès l’âge de 14 ans, elle écrit des chansons, des ritournelles et développe le sens de la mélodie. Vient ensuite le temps des « jingles » publicitaires, de la musique de film… A partir de 1981, c’est autour de la voix de l’opéra que se concentre son activité créatrice.

Professeur de formation musicale au sein du C.N.S.M. (1983-2003) elle compose pour des générations de jeunes chanteurs.

L’excellent accueil suscité par la création de son premier ouvrage lyrique Les Surprises de l’Enfer (1981) lui faitapparaître l’évidence de son orientation. Suivent alors : Leçons de français aux étudiants américains (1983), Trois folies d’opéra pour trois femmes compositeurs (1986), Cinq Nô Modernes (1992), La Lacune (1993), Monsieur Balzac fait son théâtre (1999), Le Renard à l’Opéra (2004).

Le nom d’Isabelle Aboulker est également indissociable d’opéras pour enfants. De Moi, Ulysse (1982, commande de Jean-Claude Malgoire pour l’Atelier Lyrique de Tourcoing) à Jérémy Fisher (2007, commande du Quatuor Debussy et de l’Opéra de Lyon), ses ouvrages Atchafalaya, Martin Squelette, Douce et Barbe Bleue, La Fontaine et le Corbeau, Les Fables Enchantées, Les Enfants du levant sont fréquemment travaillés par des conservatoires et écoles de musique, et figurent régulièrement dans la programmation Jeune Public de grandes scènes françaises ou étrangères.

Elle a été distinguée par un prix de l’Académie des Beaux-Arts en 1999 et le Prix Musique de la Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques en 2000.

Attentive à la prosodie, exigeante dans le choix de ses livrets, elle se veut héritière de la tradition française : Debussy, Ravel, Poulenc. « Les mots, les mots, les mots ! », la mélodie venant ponctuer la lecture.

Sensible aux personnalités colorées, Isabelle Aboulker offre à ses interprètes une partition ou leur « vocalità » et leur tempérament soient mis en valeur. La musique d’Isabelle Aboulker est cousue-main pour chaque chanteur.

La rencontre des textes de Ionesco

L’écriture farfelue de Ionesco lui permet de développer des thèmes en soulignant les inflexions du texte et par conséquent de « théâtraliser » la musique. Les caractères des personnages sont, selon sa propre définition, « dessinés à l’aquarelle ». Elle brosse ses tableaux au piano, contrairement aux autres compositeurs qui, pour la plupart, composent « à la table », et met elle-même en bouche chacun des rôles.

Par ces opéras de poche, Isabelle Aboulker désire offrir une approche ludique du chant lyrique, afin qu’aucun enfant ne lui dise plus que les chanteurs d’opéras ont des « voix de riches ».